Un temps, suffisamment trop long
Question qui ne devrait être posée. Non qu’insultante, mais sans importance. Et que ça ne vous regarde pas. Ne le devrait jamais. Que la question non plus ne vous vienne. Pas de nécessité. Car venue, nous avons échoué déjà, l’un et l’autre. Ne vous interrogez pas ainsi. Ni de ce que je veux — ou voulais —, ni de ce que les autres (répondre ici pour tous). Seul ; vous êtes seul, vous ne pouvez que l’être, admettre l’être. Seul compte ce que vous y trouvez, retrouvez, trouverez, retrouverez, de l’identique ou du nouveau. Du réconfort ou de la surprise, du désagrément. L’autrefois est loin à présent, il ne lui appartient plus. Vous seul et ce qui vous arrive êtes le présent.
Encore
Vous vous trompez peut-être en regard de l’origine que vous me supposez connaître, peut-être vous trompez vous totalement. Qu’importe puisque, vous trompant, l’intention première, la seule en fait, est assouvie — et ce n’est pas dans l’erreur qu’elle l’est, mais avant l’erreur, avant que vous vienne l’hypothèse de l’erreur, n’allez pas jusque là. Ainsi n’y a-t-il pas de voie qui conduise à l’erreur sinon cette question que vous ne devriez pas. Considérez un peu l’infini, outre ce désir de savoir.
J’ai le souhait que vous n’en tirerez pas rien. Ou que c’en soit un rare, un infini. Un insoupçonné. Ce pourrait aussi être un infime, timide et caché. Au point de risquer l’ignorer totalement. Et ne l’ignorant pas, décidant de ne pas l’ignorer, avoir du mal à l’aller chercher, le découvrir, souriant. Ou le découvrir, tremblant. Vous ou lui. Je vous offre le mystère de la découverte, dites-vous que c’en est bien souvent un pour moi, j’apprends à en jouer. J’aurais je crois aimé que cela vous soit plus aisé. Sachez que ma réponse ne vous aiderait pas : elle n’est sans doute pas moins un rempart que la votre.
Et aussi
Il m’arrive de m’avouer vous vouloir à terre, profondément orphelin du mystère qui se cache dans la paume des hommes, froidement couvert d’un sentiment nu dont vous ne sauriez que faire. Si c’était le cas, malgré le désagrément, je vous prie de ne pas vous en débarrasser. Pas trop vite. Garder-en un frisson, et la capacité de le convoquer à nouveau. Me convoquant un peu moi. Voilà pourquoi il nous faut le silence. Qu’importe qu’il soit gêné puisqu’il n’y aurait que lui, et que la gêne ne serait pas pire que de le rompre. Sans mots nous aurions l’un et l’autre tout le loisir de ce qui nous traverserait alors. Peut-être en nos intimités propres finirions-nous par partager une réponse. Et s’il vous venait alors, encore, cette question, vous ne la laisseriez pas même vous effleurer.
Pour finir
Quoi qu’il en soit,
je n’aurais pas dû être là,
à vos côtés,
en cet instant.