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Répondre au commentaireImaginer (survie)Impossible de lire ce texte sans avoir, au préalable, écouté ci-dessus l’extrait tiré du film « Avec le sang des autres », de Bruno Muel, 1974. Puis ne lire qu’une tentative de contrepoint. Nul besoin pour amorce de préciser une couleur, ou le reflet gris particulier du dessin des taches sur ta peau ; se suffit le souvenir calleux de l'épaisseur insensible de paume pour appeler l'odeur de la gitane, tenue sans force, caressée au rythme des jours, et ses brûlures jaune en regard l'une de l'autre aux inter-phalanges ; jaune nicotine, entre index et majeur trop épais pour se fermer vraiment — imaginer, dans l'accumulation de mes jours, jusqu'à en pressentir la saveur, tout un monde à découvrir, tu à jamais dans ce creux de poing, la vie, pas ailleurs qu'en ce creux vaste par handicap, permettant d’y transporter de grandes étendues de souvenirs, et que l'épaisseur cachait si bien — ; mains de Pierre, fendues des gels passés, de la morsure des fours à pain d'épice et des manches polis ; rapidement, de cet or sale à l'odeur piquante, vient la fatigue rauque qui gronde, effrayant la petite génération dont j'étais, occupée à galoper sous la table ; car fatigue comme lutte, comme colère (pas d’effondrement jamais, c’est de la survie), sourde et puissante en voix, sous la peau flétrie au rides tannées, traversant le dos raide jusqu'au cancer qui tonne et résonne dans la toux collante du matin. Peau de rien pour finir, une digue à céder avant l’heure, des coupures et blessures encore, d’apparition spontanée, pressée de l’intérieur par la nécessité qui vient, papyrus palpitant flottant sur respiration lente, forcée, derrière ta lèvre tombante, mains raides encore, à blottir dans les nôtres contre tes tremblements et, partout, du bleu sang long sous la peau, révélant peu à peu le tracé encore vif de l’accumulation kilométrée des parcours. En prolongation ou préambule, lire sur remue.net le texte de Sébastien Rongier consacré aux groupes Medvedkine, à l’émergence et au développement du cinéma « ouvrier » et militant dont ce film « le sang des autres » est une sortes d’apogée teintée de désespoir. On y trouve la retranscription du texte lu par son propre ouvrier : Christian Corouge
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